lundi 12 octobre 2015

femme et lesbienne, une double discrimination

mini table-ronde à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie

propos introductif:
Taxée de sexe faible, parfois déconsidérée, la femme trouve sa personne et ses droits dans une société essentiellement machiste compromise et fait souvent l’objet de discriminations, tant au niveau familial que sociétal. Elle se voit ainsi souvent dénigrée, rabaissée et déconsidérée. Dans certains cas, elle vit au quotidien des humiliations allant jusqu’aux violences tant physiques, morales que psychologiques. Il peut s’agir de rapport sexuel forcé, asservissement social ou financier, On parle alors de violences domestiques. La situation s’aggrave lorsque sa sexualité est différente. C’est la porte ouverte à tous les travers et de nombreux cas de violations ont été constatés dans le traitement des LBT, mauvais traitement pouvant autant résulter de la société que de sa partenaire homosexuelle, car la lesbophobie s’associe ici aux violences dans le cadre d’un couple de même sexe. La situation est d’autant plus délicate qu’il n’est pas aisé de dénoncer son partenaire, de peur de dévoiler son identité sexuelle ou son orientation sexuelle ou par peur de l’Outing, qui est la menace de révéler l’orientation sexuelle d’une personne sans son consentement, ce qui peut entraîner des conséquences désastreuses, notamment la perte de son emploi, la perte de la garde d’éventuels enfants, etc. 
Cette situation peut se justifier par l’homophobie intériorisée des gays et lesbiennes, qu’elle soit ressentie par la personne violente ou sa victime. Des études ont démontré que la violence des gays provient le plus souvent d’une image négative d’eux-mêmes, induite par des sentiments intériorisés de haine et des craintes vis-à-vis de leur propre homosexualité tandis que du point de vue des victimes, les violences sont inhérentes à une relation « perverse ».
L’isolement relatif de la communauté LGBT marginalisée constitue une complication supplémentaire parce que la décision de se séparer d’un partenaire violent peut renforcer cet isolement pour une personne qui a peut-être déjà perdu le soutien familial du fait de son orientation. Il est ici question pour nous d’apporter une lumière sur une situation qui parfois est inconnue ou méconnue, aider à reconnaître les situations qui peuvent constituer des violations basées sur le Genre et l’Orientation sexuelle et les dispositions de la loi et des traités sur la question, aider les victimes que nous sommes à comprendre que tout n’est pas noir et qu’il y’a des alternatives, et enfin offrir à la communauté LBT la possibilité de se faire entendre et comprendre afin de briser la lesbophobie qui sévit tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la communauté LGBTI.

pour de plus amples informations, bien vouloir nous contacter aux adresses
E-mail:  cofenho.dla@gmail.com
Twitter: @cofenho_dla





lundi 4 mai 2015

FAMILLE, OU ETES VOUS ?

Ceci est le cri de désespoir lancé par ce jeune homme, cette jeune femme qui se retrouve tout(e) seul(e), abandonné à lui-même, sans soutien d’aucune sorte, sans personne vers qui se tourner. Qu’est ce qui a bien pu causer une telle situation ?
Revenons quelques années plus tôt. Très jeune déjà, il était différent des autres. Son caractère, ses habitudes, sa sensibilité et parfois même son calme en faisaient un être à part ; il n’aimait pas les jeux brutaux qu’affectionnaient ses frères et cousins, il se passionnait pour les arts (la musique, la cuisine, etc.). Toujours studieux, il était souvent cité en exemple. Il aidait sa mère dans ses tâches et était très proche de celle-ci. En grandissant, sa sensibilité s’est accentuée, malgré ses efforts pour la cacher, malgré ses efforts pour correspondre à l’image que la société attend de lui. Sa puberté est mal vécue et il semble se rebeller. Il change et plus personne ne le comprend. Il s’irrite souvent et pique de grosses colères ou alors sombre dans le mutisme. Il ne communique plus. Il se renferme et semble ne plus avoir beaucoup d’amis. Malgré tous ces changements, ses parents ne s’inquiètent pas, ni ne se posent de questions, les mettant sur le compte des changements liés à l’adolescence. « Ça lui passera ! » pensent-ils. Mais hélas, cet état ne passe pas, mais semble plutôt s’aggraver. La cause, lui-même ne saurait la donner car ne sachant même pas ce qui lui arrive. Il est partagé entre des désirs contradictoires, entre tous les enseignements et l’éducation qu’il a reçus et les envies et sentiments que lui fait ressentir son cœur : une attirance physique pour les personnes de son sexe.
Toute sa vie, on lui a inculqué qu’un homme va avec une femme. Toutes les représentations amoureuses qu’ils a vues mettent en scène un homme et une femme. Qu’est ce qui justifie donc que lui ressente des désirs si éloignés de cet état de fait ? Déjà troublé par cela, il est en plus démoralisé parce que ne pouvant en parler avec celle-là avec qui il a tout partagé jusqu’ici, sa confidente, sa meilleure amie qui n’est autre que sa maman. Comment le verra-t-elle ? Quelle sera sa réaction ? Déjà qu’elle manifeste un dégoût certain chaque fois que des scènes allusives à « çà » sont diffusées à la télévision. Il n’a d’autre parti que de se taire. Il essaie de lutter avec ses propres moyens, il se cherche une copine qui lui servira de couverture auprès de ses amis et frères, mais sent déjà pertinemment que ce n’est pas son truc. Il est malheureux et s’enferme dans le mutisme. Il se renferme et devient taciturne, et amer. Il vit ainsi quelques années, mais la réalité le rattrape vite parce que ses désirs frustrés sont de plus en plus forts. Il se met à désirer tous les représentants de son sexe, à leur trouver des qualités, à s’imaginer avec eux dans des positions compliquées. Un jour, il rencontre quelqu’un tout à fait disposé à l’initier et il succombe. C’est comme une illumination. Il éprouve des sensations qu’il n’a jamais ressenties avant. Il est enfin en paix avec son cœur et son corps. Il vit donc son homosexualité, mais découvre assez vite que le Cameroun n’est pas l’environnement idéal pour cette vie, il le découvre à ses dépens. Sa sexualité est révélée à ses parents en même temps qu’à la société qui le condamne à un séjour dans un établissement pénitentiaire, car au Cameroun, le code pénal condamne l’homosexualité en son article 347 bis. Une fois cela su, ses parents lui tournent le dos. Cette maman qui autrefois fut son amie, sa complice, sa confidente ne le voit plus qu’avec dégoût et haine. Il est devenu un rebut de la société, la personne à abattre. Il est ainsi soumis en plus de sa peine privative de liberté, à la solitude et au rejet des siens. Aucune visite en prison, aucun soutien d’aucune sorte.
Une fois sa peine purgée, il est libéré, mais n’a nulle part où aller. Sa famille au total l’a rejeté et ne veut plus entendre parler de lui. Sa détresse psychologique est telle qu’il songe de plus en plus à s’ôter la vie, car en prison, en plus de sa peine, il a subi de nombreuses violations dont il a encore le traumatisme et une fois sorti de là, le voici contraint de se retrouver dans la rue, sans moyen de subsistance, à dormir à la belle étoile, à la merci des prédateurs de toutes sortes. Pour survivre, il est obligé de vendre son corps, pour oublier il se jette à corps perdu dans l’usage de la drogue.
Tout ceci aurait pu être évité si la famille avait joué son rôle qui est d’accompagner, d’éduquer, d’aimer et de soutenir les enfants qui en sont issus. Cependant, personne n’est à blâmer.
En effet, l’attitude des parents peut s’expliquer par leur ignorance, leur incompréhension face à une vérité qu’ils ne contrôlent pas, dont ils n’ont que peu ou pas de connaissance. Les parents pris au court par cette vérité qu’ils ne soupçonnaient pas ou ne voulaient pas voir se réfugient dans la facilité et réagissent au quart de tour. Leur réaction est motivée par l’éducation qu’ils ont reçue des leurs parents, l’influence des sociétés d’où ils viennent et surtout les discours et positions dont on ne cesse de leur rabattre les oreilles dans les Eglises.  En effet, au lieu du message de tolérance auquel on pourrait s’attendre, les leaders religieux encouragent les attitudes homophobes et dépeignent la différence comme un travers, une tare dont on ne peut s’affranchir qu’en mettant hors d’état de nuire ceux par qui elle arrive. Ces enseignements et le souci du qu’en dira-t-on poussent les familles à prendre des décisions souvent tragiques pour leurs enfants, décisions lourdes de conséquence.
Les enfants quant à eux sont en proie à une grande confusion. Ils ne comprennent pas leur état, leurs désirs, leurs sentiments, car n’ayant aucune figure à laquelle s’identifier. De plus, ils sont le produit de l’éducation de leurs parents et par conséquent ont des à priori négatifs sur la question homosexuelle, ce qui augmente leur trouble. Ils savent d’instinct comment vont réagir leurs parents si jamais pareille chose était sue, alors ils se cachent pour donner libre cours à leurs penchants, souvent au mépris de toute prudence ou protection.
Une attention particulière est nécessaire sur le rôle que joue l’Eglise dans tout ceci. L’Eglise est censée promouvoir les valeurs de la famille, les valeurs d’amour et d’unité, mais aujourd’hui, elle s’institue comme le garant du rôle premier du mariage qui selon elle est la procréation, au nom de la famille. Cependant il importe de se demander au nom de quelle famille elle prend position en poussant les familles à rejeter et exclure certains de ses membres. Mieux, qu’a-t-elle fait du commandement divin de l’amour ? En dépeignant l’homosexualité comme un « complot contre l’existence de la race humaine » comme l’a fait le Cardinal TUMI Christian dans sa dernière sortie médiatique, l’Eglise ne se contredit elle pas ? Si l’absence de procréation induite par l’homosexualité est un péché, que penser du célibat des prêtres ?
Pour remédier à cet état de fait, des actions doivent être entreprises tant par les pouvoirs locaux dans le sens de la protection des droits des personnes homosexuelles que par la société et ses acteurs, notamment à travers une éducation, formation et information sur les dégâts que peuvent causer cette forme d’homophobie, ses causes, ses conséquences tant sur l’avenir de la famille que celui de la société camerounaise. En outre, certaines associations de la société civile, conscientes de l’importance d’une implication dans ce domaine et soucieuses d’aider les familles à améliorer leurs relations avec leurs enfants homosexuels ont déjà entrepris des actions dans ce sens. C’est dans cette optique que le Collectif des Familles d’Enfants Homosexuels (COFENHO) entreprend de rétablir le dialogue entre les enfants homosexuels et leurs familles, former et informer celles-ci sur l’homosexualité vécue par leurs enfants, fournir une aide psychologique à celles-ci, préparer les enfants à faire un Coming-Out, déterminer le bon moment et être prêt à toute éventualité. Le collectif accompagne également les enfants au dépistage du VIH et des IST et encourage les familles à encourager et accompagner leurs enfants au dépistage.

Le collectif des familles d’enfants homosexuels est membre du collectif d’associations formé par SID’ADO (les adolescents contre le SIDA), ADEFHO (association pour la défense des homosexuels et COFENHO. Le siège est l’Espace Roger MBEDE (EROM) situé à Bali derrière Serena hôtel. Ouvert tous les jours de 09h à 18h, vous y trouverez des bénévoles tout entiers dévoués à votre écoute.

lundi 23 février 2015

ATELIER DE FORMATION DES OSC AUX TEMOIGNAGES ORAUX ET VIDEOS SUIVIS DE CAMPAGNES DE PRODUCTIONS (DOUALA du 23 au 27 fevrier 2015)



Le collectif des familles des enfants homosexuels  (COFENHO)  participe à cette atelier dans le cadre du projet intitulé « Briser le silence, lever les tabous, mieux informer sur les violences basées sur le genre en Afrique de l’Ouest » financé par l’Union Europeenne. Projet mis en œuvre dans plusieurs pays qui sont : sénégal, mali, mauritanie, cameroun.
L’objectif de la participation de COFENHO à cette atelier est de ce former dans la collecte et production de témoignages vidéos et oraux ainsi que le renforcement des capacités et les moyens en communication des défenseurs des victimes de violences basées sur le genre.
Nos formateurs sont hyppolite et Fidele qui nous aideront pendant ses 5 jours de formations à Douala , Nous esperons  recevoir le plus de connaissances possibles qui nous permettront d’utiliser cette formation dans le cadre de nos activités quotidiennes dans notre association.

FORMATION DES OSC AUX TEMOIGNAGES ORAUX ET VIDEOS



L’IPAO met en œuvre un projet intitulé  « Briser le silence, lever les tabous, mieux informer sur les violences basées sur le genre en Afrique de l’Ouest »  financé par l’Union Européenne. L’objectif de ce projet est de soutenir les défenseurs des victimes de violences basées sur le genre par une information équilibrée et une communication maitrisée. Pour répondre à un des objectifs spécifiques de ce projet, à savoir « Renforcer les capacités et les moyens en communication des défenseurs des victimes de violences basées sur le genre», un atelier de formation à la collecte et production de témoignages vidéo sera organisé  au Sénégal, au Mali, en  Mauritanie et au  Cameroun.

Qu’il s’agisse de viols, d’agressions sexuelles, de mariages forcés et/ou précoces, de mutilations génitales, de déscolarisation forcée des filles, il est rarement question de violences faites aux femmes dans la presse tant la question est taboue. Cette invisibilité permet aux gouvernements de nier ces violences ou du moins de les minimiser. Les journalistes ne s’y intéressent que sous l’angle des faits divers. Parfois pire, ils en arrivent à stigmatiser davantage les victimes, agissant de manière consciente ou non, comme le révèle une analyse de contenu faite dans le cadre de ce projet. Cette analyse révèle aussi que dans les pays ciblés, les OSC de défense des droits des femmes ont un  accès limité aux médias publics notamment la télévision nationale et la radio nationale. Exclues de ces médias traditionnels, elles n’ont pas souvent d’autres alternatives car elles maitrisent peu les outils de communication et ne possèdent pas leurs propres médias, ce qui leur permettrait de contourner la presse.

Ce constat de faiblesse est d’ailleurs ressorti de l’atelier que l’IPAO a organisé à Dakar du 5 au 6 Août 2014 portant sur « violence et genre : quels rôles peut jouer la communication dans la lutte contre la discrimination ? 

Cette formation vient donc combler un besoin, en renforçant les organisations. Elle va leur donner les compétences requises pour :
-          Enregistrer des témoignages oraux et vidéo
-          Publier ces témoignages sur les réseaux sociaux  pour les mettre à la disposition du grand public et des décideurs.
Cette formation s’inscrit en effet dans une série d’actions, au cours desquelles les OSC ont été formées à communiquer en utilisant divers outils, comme les médias sociaux et les blogs. Elles ont été aussi renforcées à collecter des données et à les traiter en vue de produire des documents qualitatifs sur les cas de violences basées sur le genre.
En formant les OSC à la collecte et à la production de témoignages oraux ou vidéo, cette démarche offre la double opportunité de respecter l’anonymat des victimes et de protéger l’identité des défenseurs. Elle permet enfin de disposer d’un canal alternatif d’information sur les violences basées sur le genre dans les pays cibles du projet.